Docteur Rabinovici Chiva (ou Kiva)

Dans le  Journal Officiel du 16 mai 1940, figure le Docteur Rabinovici Chiva nommé parmi les médecins auxiliaires, au grade de médecin sous-lieutenant (16ème région). Il figure également comme exerçant à Caudiès dans l'annuaire Rosenwald de 1945 (gallica.bnf.fr)

Le Petit Méridional  1er décembre 1941 (ressourcespatrimoines.la region.fr)
Le Petit Méridional 1er décembre 1941 (ressourcespatrimoines.la region.fr)

Jean Vayre transmet les éléments suivants:

 le Docteur RABINOVICI , pendant l'occupation, s'était réfugié à Caudiès pour échapper à la chasse aux juifs très " mode " à l'époque. Il exercçait et résidait dans l'immeuble qui a appartenu à la famille ROCHE et plus tard aux parents de Roger et Gilberte Delbourg épouse Balfagon.
Le Docteur a eu un jour une visite qui n'avait rien de médical ni de courtois. C'était la Gestapo. Mon frère Georges qui, au lieu de partir au STO, faisait de la résistance, était ce jour là allé rendre visite à sa femme qui tenait le café VAYRE. Croyant que les intrus s'étaient déplacés pour le cueillir, il s'est enfui en compagnie d'un ancien maire communiste d'un village du haut-Vallespir que mon père hébergeait.
J'ai eu l'occasion de rencontrer à Toulouse sa fille qui y était enseignante dans la décennie 70-80. Elle avait des souvenirs très fidèles de sa période Caudiésiènne et m'a appris que son père était un rescapé de l'extermination.

Selon les souvenirs de Claude Millé. Le 6 juin 1944,  Chiva Rabinovitci, membre du Mouvement de Libération Slave, qui était en relation est arrêté à Caudiès par les Allemands. Il sera déporté. " Ce jour-là, Bona a vu en début d'après-midi les miliciens Prost et Carrère attendre sur la route nationale, devant le magasin Pascot. Une auto découverte venant de Perpignan est arrivée avec quatre Allemands. Il y a eu une conversation entre les 2 miliciens et les occupants de l'auto. Puis les premiers sont partis à pied vers la mairie pendant que les suivants suivaient lentement. Le Docteur Rabinovitci (qui soignait les gens gratuitement) sortait de la maison Figarol, qui se trouvait à côté de la maison Delbourg où il logeait. Il a demandé qu'on le laisse aller prévenir sa femme, puis Bona et d'autres, apeurés, se sont dispersés."

Le Docteur Rabinovici, né en 1909, est inscrit sur la liste des Internés partis de Compiègne le 15 juillet 1944 pour le camp de concentration de Neuengamme (au sud-est de Hambourg). Il fait partie des "personnalités otages" (bddm.org).

 

Jean-Claude Planes, natif de Saint-Laurent de Cerdans, donne les renseignements suivants:

Enfant, il a été un jeune patient du Docteur Rabinovici qui s'était installé (probablement réinstallé) à Saint-Laurent après la seconde guerre mondiale. Il y a exercé jusque dans les années 1970. Sa femme était la directrice de l'école primaire.

Il est enterré au cimetière de ce village. Ces renseignements conduisent à poursuivre les recherches.

Dans le guide Rosenwald (gallica.bnf.fr) qui répertoriait les médecins, en particulier selon leur lieu d'exercice, le Docteur Rabinovici est retrouvé noté comme Médecin Généraliste à Saint-Laurent de Cerdans dans les éditions de 1937,1938,1939,

1943-1944 et 1947. L'édition de 1945 le localise comme exerçant à Caudiès. Le chiffre 1935 correspond à son année de thèse, obtention du doctorat.

 

Le Docteur A. Bordaneil, actuel maire de Maureillas (2019) , ancien médecin généraliste à St Laurent de Cerdans a bien connu le Docteur Rabinovici puisqu'il en a pris la succession, officiellement en janvier 1975. Il raconte que pendant les 3 mois précédant son installation, il a habité au premier étage de sa maison, le cabinet médical étant situé au rez-de-chaussée.  Cette maison a été détruite par un Incendie peu de temps après. Le Docteur Rabinovici (déjà veuf en 1974) y vivait avec sa mère âgée qui parlait notamment le Russe et mal le Français.

Le Docteur Rabinovici (appelé affectueusement Rabino par les Laurentins dont il était très apprécié) tenait ses dossiers de patients de façon très méticuleuse et n'hésitait pas à marcher des kilomètres  pour faire des consultations ou des accouchements dans les mas isolés, jusqu'en Espagne.

Il parlait peu de son Internement pendant la guerre, mais se serait évadé en bateau par Hambourg.