Témoignage de la présence de la vigne à Caudiès, ce relevé fait par Albert Bayrou:
" MERCIER Pierre, achète une vigne à Jean Bernard COSTE, seigneur d'Elbouich, (1558-1570).
Dans son ouvrage, Caudiès-de-Fenouillèdes, à la recherche du passé (1996), Albert Bayrou a relevé les extraits des délibérations consulaires et municipales. Concernant la vigne, il note:
1724, 18 octobre - Jean Rives s'asphyxie en "accommodant la vendanges"; aveuli, périt Jean Jourda qui voulait lui porter secours.
1729 - les vendanges pourront commencer le 18 octobre.
1730 - les vendanges pourront commencer le 19 octobre.
1732 - les vendanges pourront commencer le 19 octobre.
1734 - les vendanges pourront commencer le 7 octobre.
1737 - les vendanges pourront commencer le 17 octobre; on avait coutume de vendanger pour la Saint Luc.*
* Saint Luc est célébré le 18 octobre
1742 - Gardes-vignes: Jean Fenateu et Jean Olive.
1744, 11 octobre - les vendanges pourront commencer le 22 octobre.
1749, septembre - la communauté demande à l'intendant la permission d'établir un droit sur chaque migérée de vin qui se vend dans la ville, afin de payer le garde-vigne.
1750, 8 octobre - les vendanges pourront commencer le 22 octobre.
1752 - les vendanges commenceront le 16 octobre.
1753 - les vendanges pourront commencer le 15 octobre.
1758 - les vendanges pourront commencer le 24 octobre.
1760 , avril - Grêle très abondante pendant 1h 1/2 qui a endommagé les vignes et les autres récoltes.
1766 - les vendanges pourront commencer le 20 octobre.
1767 - les vendanges pourront commencer le 15 octobre.
1769, 25 juin - Les 14, 15 et 16 de graves orages ont endommagé les récoltes de grains et le vignoble
- les vendanges pourront commencer le 23 octobre.
1770, 16 septembre - Bernard FLAMAN et Guillaume JOURDA fixent les vendanges au 5 octobre.
21 novembre - Les marguilliers de l'Oeuvre Mage ayant fait faire un grand pressoir pour fouler la vendange, les consuls décident que ledit pressoir travaillera au profit de l'Oeuvre, à l'exclusion de tout autre.
1771, 3 octobre - les vendanges pourront sont fixées au 23 octobre.
1772 - Pour éviter que les raisins pourrissent, on pourra vendanger dès le 9 octobre.
1773, 3 octobre - les vendanges pourront commencer le 25 octobre.
1774 - les vendanges sont fixées au 24 octobre.
1776 - les vendanges commenceront le 17 octobre.
1778, 21 septembre - Comme il y a beaucoup de vols de grains et de raisins, la communauté organise une patrouille de 6 hommes, qui sera divisée en 2 escouades.
- Les vendanges commenceront le 14 octobre en raison des pluies.
1780 - les vendanges pourront commencer le 16 ou le 17 octobre.
1781 - les vendanges pourront commencer le 15 octobre.
1782 - les vendanges commenceront le 17 octobre.
1783 - les vendanges commenceront le 16 octobre.
1784 - les vendanges commenceront le 11 octobre.
1786 - les vendanges commenceront le 12 octobre.
1788 - les vendanges pourront commencer le 9 octobre.
1789 - la vendange pourra commencer le 22 octobre. La récolte de vin est réduite de moitié comme la récolte des grains.
1790, octobre - les vendanges pourront commencer le 10 octobre.
1792 - 1788 - les vendanges pourront commencer le 11 octobre.
An III - les vendanges pourront commencer le 24 octobre.
1808 -1788 - les vendanges pourront commencer le 13 septembre, à causes des pluies abondantes.
1809, 14 mai - Scandale des vins: abus du sieur Raymond Guitard, receveur des droits réunis au bureau de Caudiès. Au mépris de la loi, à la place des marchands de vins, il attire les voituriers dans ses magasins et les habitants de Caudiès ne peuvent alors que lui vendre leur vin au prix fixé par lui. On demande au préfet de prendre les mesures nécessaires.
- les vendanges commenceront le 15 octobre.
1814 - les vendanges pourront commencer le 7 octobre.
1816 - les vendanges pourront commencer le 7 novembre.
1817 - les vendanges pourront commencer le 13 octobre.
1818 - les vendanges pourront commencer le 15 octobre.
1885, 20 juin - Orage de grêle et phylloxéra.
1893 - Le conseil est d'avis d'interdire la fabrication et la vente des vins artificiels.
1904, 2 janvier - Le conseil décide d'acheter une bascule pour le pesage du vin ( 378 F + 13 F pour le transport depuis Perpignan).
1905, 2 juillet - CRISE VINICOLE. Le conseil demande que tous les contribuables de Caudiès soient exonérés de l'impôt foncier pour 1905 et qu'il soit sursis à toutes les espèces de poursuites exercées pour non paiement de l'impôt foncier.
Le Journal des Pyrénées Orientales du 5 février 1869 publie cette note:
En 1905, M. Genyes, propriétaire viticulteur et vice-président du Syndicat agricole du Minervois, publie "La crise vinicole méridionale" ouvrage qui explique les différentes phases de la crise que l'on voit se refléter dans les délibérations municipales de Caudiès. Cette crise est également analysée par Geneviève Gavignaud-Fontaine dans sa thèse en 1983 (Propriétaires Viticulteurs en Roussillon: structures, conjonctures, société, XVIIIe-XXe siècles).
- La crise de l'oïdium (1851-1856)
Entièrement inconnue de l'ancienne viticulture française, cette maladie cryptogamique a ravagé tout le vignoble mais à un degré moindre en raison du climat, le vignoble méditerranéen et a pu être contrôlée grâce à la découverte du traitement par le soufre. Mais écrit Genyes: "On rechercha des plants qui seraient particulièrement réfractaires à l'oïdium; certains cépages tels que le Jacquez d'origine américaine, furent alors implantés en France: ce fut un malheur gros d'avenir , car ils apportaient sur notre continent les germes de cet insecte inconnu, le phylloxéra."
- La crise du Phylloxéra (1878 - 1890)
La contamination d'abord lente et éparpillée (elle est signalée à Caudiès en 1885) touche toute l'Europe.
Quelques vignes furent défendues par la submersion et par des traitements au sulfure de carbone.
Le phylloxéra eu raison de la législation (transports des plants, mesures de conservation et exonération de l'impôt foncier) et de la science vinicole: le vignoble ne se reforma qu'après la mort de presque toutes les souches françaises, remplacées par des pieds américains, habitués à se défendre contre le phylloxéra et greffés en plants indigènes.
- La crise vinicole de mévente (1900-1907)
C'est la conséquence de la reconstitution du vignoble, devenu monoculture dans le bassin méditerranéen, avec surabondance de production conséquence d'une culture scientifique intensive développant la quantité plus que la qualité.
A cela s'ajoute une production artificielle par sucrage ou matières fermentescibles (en 1893, le conseil de municipal de Caudiès était opposé à la production et la vente des vins artificiels) et la fraude (mouillage).
De plus s'additionnent en 1900 pourriture , en 1902 grêle et inondation, en 1903 gelée.
C'est la ruine des paysans, des petits et moyens propriétaires avec retentissement dans les villes sur les activités en rapport avec la viticulture.
La misère devient intolérable au printemps et à l'été 1907, devant l'impuissance des économistes (essais de trusts...) et la carence des pouvoirs publics, les viticulteurs organisèrent d'immenses manifestations:
1907, 24 mai - 100 F pour permettre aux personnes peu fortunées de Caudiès de se rendre au meeting de Carcassonne le 26 mai. Cette somme sera prise sur l'article de la fête du 14 juillet. Le voyage sera payé à quatre clairons et deux porte-bannière.
1907, juin - vote d'une somme de 150 F pour le meeting de Montpellier. (Albert Bayrou).
Les crises viticoles en Languedoc et la naissance de la confédération des vignerons sont décrites par J-L. Gaston Pastre dans la Revue hebdomadaire en 1925.
Dans le journal quotidien Le XIXe siècle, en date du 17 juin 1907, est notée la démission du conseil municipal.
De ces événements naquit (22 septembre 1907) la Confédération générale des vignerons, organisme puissant pour notamment lutter contre la fraude . Plus tard, elle favorisera la création des coopératives.
Malgré cette crise, la culture de la vigne s'étend à Caudiès entre les deux guerres, et les caves particulières se multiplient.
Ainsi, par exemple, Jean Cauneille qui a épousé en 1899, Augustine Gouzot (née à Caudiès en 1875, d'Eugène Gouzot, boucher rue de la gare et de Thérèse Pagane) équipe son pailler pour la vinification (renseignements donnés par Jean Tiburce, petit-fils).
Autre cave de Caudiès: La cave ancienne. La bâtisse date de 1880 et a appartenu à Benet-Roche qui avait des vignes, selon Louis Péquignot, arrière petit-fils du Docteur Grassaud. L'activité viticole s'y est maintenue jusqu'en 1934.
Elle a été transformée en gîte depuis 2001-2002. Actuellement, c'est le relai de Laval
En 1909, Vayre, viticulteur à Caudiès reçoit le mérite agricole (Revue de Viticulture septembre 1909 sur retronews.fr)
Le Journal de Toulouse du 11 février 1914 signale des ventes par des caves particulières de Caudiès sur le Marché des Vins de Perpignan.
Malgré les aléas climatiques...
En 1945, les vins de Caudiès sont vendus sous l'appellation "Corbières du Roussillon", comme en témoigne cette publicaion du Bullein Officiel des Services Prix du 1er septembre.
En 2000, Marcel Lacoste publie dans L'indépendant, une rétrospective de Caudiès, avec cette photo illustrant la crise viticole de 1953-1954 et accompagnée du texte suivant:
"Au début du siècle, tous les habitants de Caudiès, journaliers, petits transporteurs de bois, petits éleveurs dont les femmes et les filles travaillent à la fabrique de chaises et de perles, plantent de la vigne. En se spécialisant dans cette culture, Caudiès-de-Fenouillèdes va aussi tourner définitivement le dos à la montagne pour s'aligner de plus en plus vers l'économie des villages de la plaine.
La crise viticole de 1907 n'empêchera pas les paysans de Caudiès de planter de nouvelles vignes et d'abandonner les cultures céréalières et la petite industrie".
En 1954, il y eut aussi au moment des vendanges cet accident rapporté par le journal La Croix du 14 octobre.
Les vendanges en 1952 sur des photos confiées par Mireille Boix-Peille
En 1960, Maguy Malet, 3 ans est photographiée portant une grappe de 700 grammes, venant des vignes de son père Maurice.
VENDANGES 1975
Allen Carney confie ces photos de vendanges en 1975 à Villeraze. (cliquer sur les photos pour les agrandir)
La vigne occupe une place importante à Caudiès. En témoigne cette initiation à la vendange en 2011, dans les vignes du Domaine Majas près de Notre-Dame de La Val.
et en 2021.