On doit à François Fabre qui avait épluché avec persévérance les archives communales de Caudiès, ce chapitre intitulé "TAXATION ET VENTE DE BOUCHERIE" dans son MÉMOIRE sur LE CONSULAT D'UNE PETITE VILLE ROYALE A LA FIN DU XVIIe SIÈCLE, retranscrit ici:
La vente de la viande de boucherie était règlementée par les consuls. Elle était donnée à l'adjudication dans les conditions fixées par un cahier des charges soumis tous les ans à l'approbation du Conseil général des habitants.(24)
L'adjudicataire bénéficiait d'un véritable monopole car personne, en dehors de lui ne pouvait débiter et vendre de la viande de boucherie.
La rédaction du cahier des charges s'inspirait en particulier du respect ds prescriptions religieuses. C'est ainsi que la table de boucherie devait être pourvue depuis le dimanche matin jusqu'au jeudi suivant 10 heures. On pensait de cette façon, faire respecter l'interdiction de la consommation de viande les vendredi et samedi. Cette même interdiction s'étendait à la période du carême avec cependant une exception en faveur des malades, pour lesquels le boucher devait être approvisionné.Il recevait pendant cette période, un supplément de prix.
Théoriquement, les prix étaient fixés par les consuls. Mais il s'agissait de prix-plafond, susceptibles de rabais.
En 1692, un nommé Pierre Ancely, habitant de Caudiès, avait pris l'engagement de tenir la boucherie "bien pourvue de chair de mouton de bonne recepte" et d'en faire la vente aux habitants de toute l'étendue du consulat de Caudiès à 6 sols et 6 deniers la livre carnassière de mouton et à 4 sols et 6 deniers la livre carnassière de brebis". En outre, il devait vendre "la teste et les pieds de moton 2 sols; le foie et la rate 2 sols; le foie et rate 3 sols, le poulmon 2 sols".
Le prix de la viande de boeuf et de chevalait fixé en cours d'année à la suite d'un accord entre les consuls et le boucher.
Note
Albert Bayrou (In Caudiès-de-Fenouillèdes, à la recherche du passé ,1996) a relevé dans les délibérations consulaires qu'en 1677, la ferme de la boucherie a été accordée à Pierre ENSELIX, boucher. Il pourra vendre la livre carnassière de mouton 7s.,6d. (6d. de plus qu'en 1676). Il est interdit aux habitants d'aller acheter du mouton dans le territoire de Castelfizel, sous peine d'une amende de 3 l. et 1/2 et de confiscation de la viande.
1681, c'est le sieur Pierre GARDÈRE fournira la viande: 7s. 6d. la livre de mouton.
1696, la table de boucherie est adjugée à Nicolas BARRIÈRE.
1721, Pierre GITAREU est boucher.
1732, DURAN, marchand de Bélesta, offre de prendre le bail de la boucherie.
1774, la marquise de DAMIAN prétend que les langues des boeufs et des vaches, tués dans la boucherie de Caudiès, lui appartiennent comme seigneur engagiste; "À plaider".
9 juin - Pierre GITTAREU assurera la fourniture du mouton à 14 l. 6 d. la grosse livre; 10 s. 6d. pour la livre de boeuf.
1780, 16 juillet - La fourniture de la boucherie est cédée à Pierre GITTAREU.
1783, la boucherie est donnée Pierre BOUNEGARDE: 14 s. 9 d. pour la livre de brebis; 11 s. la livre de boeuf ou de vache.
1832 - Il sera établi un abattoir public dans le bâtiment communal appelé la Boucherie. Droit à payer par les bouchers: 0,50 F par m2.
1833 - Population = 1 327 habitants. Il y a 3 bouchers.
Nombre approximatif de bêtes abattues:
Boeufs ou vaches 50
Veaux 40
Moutons ou Brebis 100
Porcs 50
Chevreaux ou agneaux 60
François Fabre explique ensuite la lutte contre la fraude:
- Obligation de vendre la viande de chèvre et de brebis dans un local différent de celui réservé à la viande de mouton ( amende de 3 livres 6 sols en cas de non respect).
- Amende identique pour faux- poids. Le 15 juin 1898, le Conseil général de la Communauté décide que les Consuls feront venir de Toulouse des balances et des poids en bronze pour référence.
II est utile de préciser que l'adoption du système métrique date de mai 1790 mais que son application s'est fait très progressivement. Sous l'ancien régime, on assistait à un foisonnement des systèmes de mesure dans toute la France, chaque région voire chaque ville développant ses propres unités. Le Languedoc n'y échappait pas malgré l'édit de Louis XII en 1501, prescrivant l'usage des poids et mesure de Montpellier pour tout le Languedoc. Le poids de la viande se mesurait en "livre carnassière", différente de la livre pour le grain...
Les recensements de la population de Caudiès, mis en ligne par les archives départementales des Pyrénées orientales, , en affichant par quartier ou rue, le nom du chef de famille et le métier, et le site de généalogie (geneanet.org) permettent de retrouver les bouchers:
- 1750: Pierre Gitareu ou (Gittareau)
- 1841: Mazerolles Pierre 59 ans (et Fleury Adèle sa femme) rue Traversière
- 1853: Olive Jean-Pierre et Olive Antoine Hippolyte 24 ans (et Palauqui Marie)
- 1856: Pierre et Alphonse Mazerolles, rue de l'Arceau (?)
- 1857: Carrière Jean
- 1860: Mazerolles Alphonse (et Vayre Claudine Anne Philomène)
- 1865: Olive Antoine 36 ans
- 1866: Jean Gouzot et Thérèse Pagane, son épouse, au quartier des Courtalassis
Olive Benjamin, au quartier de la place, Pierre Mazerolles au quartier de la place.
- 1877 Gouzot Jean et Thérèse Pagane
- 1881: Mazerolles Pierre Antoine 18 ans (fils d'Alphonse décédé) et son épouse Rivière Marie Élisabeth (fille du limonadier)
- 1891: Audouy Felix Joseph dit Clovis
- Pierre Vassal (1895-1979) eut 3 enfants dont Pierrette qui épousa Rogé Saqué. Le couple continua la boucherie Grande Rue; actuellement une plaque sur la maison témoigne de l'ancien commerce. (Renseignements donnés par Geneviève Saqué Lanat)
BOUCHERIE VASSALS SAQUÉ "Chez Jeanne"
Son histoires est contée par Geneviève Saqué Lanat: C'est en 1920 que "Jeanne" créa la boucherie. Cette année là, elle se maria avec Pierre Vassals, viticulteur qui travaillait avec son père dans le vignoble.
Jeanne Delbourg est l'aînée d'une fratrie de 5 enfants; son père était charron (rue des Jardins) et sa mère faisait commerce dans le jardinage. La boucherie de Jeanne fructifia d'année en année et en 1976, elle cèda définitivement la place à ses enfants Pierrette et Roger Saqué. La boucherie ferma définitivement en 1987.
La boucherie de Jeanne fructifie d'année en année, et en 1976, elle cède définitivement la place à ses enfants Pierrette et Roger Saqué.
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BOUCHERIE OLIVE
monnaie de nécessité ou monnaie-carton éditée au début du siècle (guerre de 1914-1918) et autorisée par le gouvernement pour palier à l'absence de numéraire. Ces jetons en carton sont conservés au musée Carnavalet à Paris.
BOUCHERIE MAZEROLES
En 1841, sur le premier recensement de la population de Caudiès, est noté Pierre Mazeroles, boucher.
Pierre est le fis du couple François Mazeroles né en 1770 à Montgailhard en Ariège et Madeleine Lacour née en 1769 (geneanet.org). Sur leur acte de mariage à Caudiès (8 août 1796), François Mazeroles est noté comme Boucher (archives.cd66.fr). Pierre Mazeroles épouse Claudine Anne Philomène Vayre ( père boulanger) à Caudiès le 15 février 1860.
La boucherie originelle était située dans la rue des Augustins (près de l'hôtel particulier J.B. Dufour) avec un jardin derrière où l'on pouvait abattre les animaux. C'est la grand-mère de Monique Mazeroles qui a décidé de transférer la boucherie le long de la route nationale qu'elle jugeait meilleur emplacement commercial (renseignements et photos donnés par Monique Mazeroles).
Monique Mazeroles, prenant sa retraite, baisse le rideau le 1er mai 2023.
BOUCHERIE PLA
Située sur le côté droit du début de la rue de la gare, elle aurait existé jusqu'à la seconde guerre mondiale (renseignements donnés par Pierre Jouret).
NÉGOCIANT EN BESTIAUX ET COCHONS MALET
Signalé par Pierre Jouret, et raconté par Claude Millé:
"Le négociant en cochons était M. Malet, la maison qui touche la boulangerie. Elle appartient toujours a un descendant Malet. Comme il y avait plusieurs Malet, on surnommait le négociant "Malet-cochon", nom très peu flatteur. Mon père avait travaillé chez lui comme chauffeur, les cochons se transportaient dans une grande caisse a claire-voie. Ils lui avaient dévoré une partie d'un blouson en cuir, oublié sur une caisse..."
Michel Malet confirme que les transactions se faisaient au n°3 de la rue de la gendarmerie, et que les petits cochons étaient livrés dans les villages alentours. Michel Malet, quand il était jeune, accompagnait parfois son père pour les livraisons.