On ne saurait faire meilleure description des décorations que celle écrite en 1971, par François Fabre dans son ouvrage "Altesses Royales en Fenouillèdes et Roussillon", la place publique ayant gardé ses ornementations de la fête locale pour le passage du Duc d'Orléans à Caudiès le 15 septembre 1839.
" Cette ornementation , vraiment unique, émerveilla le Duc d'Orléans qui n'en croyait pas ses yeux.
Au centre de l'enclos, formé de chevrons plantés dans le sol, réunis par des croisillons et de petits sapins, le tout habillé de mousse ou de buis, s'élevait, haut vers le ciel, " l'aïbré de la touno" gigantesque sapin d'où partaient, pour former un immense parapluie, de nombreuses guirlandes de buis, de mousses ou de papier. En bonne place, contre la façade de la Mairie, entouré de fleurs, de plantes vertes, de drapeaux, trônait le buste du Roi Louis-Philippe, ce que son fils ne manqua pas de remarquer. ...
....et voici que la cobla se met à jouer des sardanes dansées par de jeunes couples. ... c'est ainsi qu'il acheta aux musiciens leurs instruments pour 220 Fr."
Ce décor féérique n'émerveilla pas que le Duc d'Orléans mais des générations de Caudiésiens qui s'en souviennent encore.
Les conscrits de l'année étaient chargés d'aller couper le grand sapin dans la Forêt des Fanges. La fin du service militaire obligatoire, la rentrée scolaire avancée au début septembre, notamment entrainèrent la disparition de cette somptueuse mais éphémère ornementation...même si la fête patronale perdure.
Pour Patrice Triaire (Face Book) "La classe 1961 la dernière à avoir fait la décoration de la place de la mairie..puis changement ...quel dommage ..."
Pour Jean Raoul Payré (Face Book): "J'ai participé 2 année en 1965 et 1966 que de bons souvenirs..."
Georges Vayre (Adjoint au maire de Caudiès de 1971 à 1991) a également écrit parmi ses "Petites Histoires Caudiésiennes", une description de la fête du 8 septembre (texte transmis par Denis Vayre):
La Fête Locale
La fête est une réminiscence des temps anciens.
C’était, exception faite des jours de foire qui se tenaient au pré communal et place de la gendarmerie, la seule animation au cours de laquelle tout un peuple arrêtait le travail pour assister aux réjouissances.
Elle était de plusieurs sortes :
On profitait de la fête locale pour inviter parents et amis. Les « salles à manger » étaient à peine assez grandes pour accueillir la grande foule des cousins.
C’était l’occasion de « s’en mettre plein la lampe », car le menu journalier de nos concitoyens était toute l’année composé des plats traditionnels de haricots et de pommes de terre.
Le beefsteak était réservé au samedi et le potage au dimanche à moins qu’un lapin de clapier familial, préparé en civet, ou une volaille de la basse-cour ne fassent les frais du repas qui relevait alors d’une espèce de festin.
Pendant quatre jours la musique battait son plein…
Avant midi, « tour de ville » à moins que le comité des fêtes n’ait préféré l’heure du repas du soir : sérénades aux élus, danses (polka, java, scottish, valse.) Une série de cette nature et on recommençait jusqu’à la fin du bal et ainsi pendant quatre jours, exception faite du dernier jour, où une farandole endiablée retenait les danseurs tard dans la nuit.
Le comité d’organisation était un « comité d’âge ». La classe, (c’est à dire les gens prêts à faire le service militaire) avait la responsabilité des recettes et des dépenses. Le plus clair des recettes reposait sur les bals de bouquet (en général au cours d’une polka) les jeunes arrêtaient de danser et chaque cavalier offrait à sa cavalière une fleur artificielle qu’il devait payer.
Les cafetiers soutenaient financièrement le comité ! En échange ce dernier mettait les musiciens à la disposition d’un bar pour un concert très suivi.
Le comité avait la charge de la préparation de la fête suffisamment à l’avance. Ils cueillaient du lierre, du buis, de la mousse qui en guirlande décoraient la place. Celle-ci était ceinturée par les sapins de la forêt des Fanges et en position centrale, un grand sapin qui dépassait le faîte des toits voisins.
Equipés de cordes et d’échelles, les jeunes sous le commandement d’un spécialiste local hissaient le grand tronc. C’était au fil des ans ceux qui dresseraient l’arbre le plus haut.
Planté place de la mairie où un grand trou avait été préparé, il fallait qu’on le voit depuis la route nationale pour attirer les gens de passage.
« A la hisse » on tirait sur les cordes et on avançait les échelles jusqu’au moment où le géant droit comme un I était prêt à dominer la fête. De l’arbre central aux sapins plantés à la périphérie, on plaçait des guirlandes : celles naturelles en lierre, ou en buis, mais aussi celles spécialement préparées pendant des soirs et des soirs…Elles étaient confectionnées à partir de grandes feuilles de papier glacé aux couleurs vives. On gaufrait le papier pour faire des espèces de ballons ovales aux couleurs traditionnelles : dans l’ordre bleu, blanc, rouge, jaune, et vert. Gare à qui se trompait… il fallait refaire le travail.
La place était systématiquement arrosée et balayée avant chaque séance de bal … Des drapeaux prenaient place en faisceau sur les platanes. On ne reverra certainement plus ces fêtes d’antan. Elles relevaient du volontariat, du désir de travailler ensemble et d’un goût très certain. Nos jeunes étaient de réels artistes. Ils savaient au mieux manier les couleurs.
Les jeunes filles de la classe donnaient la main aux garçons, ainsi notre jeunesse se retrouvait elle pendant de nombreuses soirées. Lorsque le comité ne comportait qu’un nombre de garçons réduit, le comité d’âge suivant s’incorporait au travail.
Sur la place le bal battait son plein et la farandole qui faisait le tour du village était menée par l’homme du village considéré comme le plus fort. Un homme la termine qui s’affuble d’un morceau de vieille fourrure symbolisant l’ours du conte amoureux de la jeune fille symbole du résultat souhaité de la fête : que chaque jeune fille ait trouvé un galant.
Joseph Armagnac, dans un "Messager de Notre-Dame de La Val" paru entre les deux guerres a aussi décrit la fête patronale dans un article sur la coiffe.
Petit florilège de photos des fêtes anciennes, gentiment confiées par des caudiésiens pour partager les souvenirs. Merci à eux.
En septembre 2008, le Syndicat d'Initiative créé en 2007), animé par une équipe de bénévoles ( 2017 a vu la disparition des Syndicats d'Initiative , remplacés par des Offices de Tourisme professionnels), a voulu perpétuer cette tradition, en confectionnant des guirlandes de buis et de mousse et en décorant la place pour un apéritif de terroir.
L'Indépendant publie un article sur l'édition 2011.
Andrée Tricoire confie les photos qu'elle avait prises lors de cette fête de 2011, quand les Caudiésiens dansaient la Sardane.
"Les photos de l'ombre de Martine" (Page FB) autorise à publier sur le site une capture d'écran de la fête organisée le 8 septembre 2012, au cours de laquelle Le Galop de Panderetes (tambourins) a été interprété par le groupe folklorique Les Danseurs Catalans de Thuir .
Vous pouvez regarder la vidéo sur watch en cliquant sur le bouton. Vous quittez le Musée Virtuel, pour y revenir, fermez l'onglet.
En 2014, le Syndicat d'Initiative organise la fête Patronale sur la place de la Mairie.